L’écritoire

Le principe de l’écritoire est simple : chacune des 36 colonnes recueille les différents codages, les différentes graphies d’un même phonème, d’un même son. Les 36 colonnes correspondent donc aux codages des 36 phonèmes de notre langue. Les écritures des voyelles occupent la moitié supérieure du tableau, celles des consonnes la partie inférieure.
En plus de l’écritoire collectif affiché ou projeté en classe, chaque enfant doit disposer à l’école et à la maison d’un écritoire plastifié au format A3 sur lequel il pourra pointer personnellement.

Le pointeur

Pour « cueillir » sur l’écritoire les graphèmes successifs constituant le mot ou la phrase, on utilisera n’importe quelle baguette ou un pointeur télescopique que je recommande pour sa maniabilité, sa légèreté, sa précision d’utilisation, ses dimensions adaptables et son faible encombrement une fois refermé, en vente dans les librairies ou les magasins de sport. Pour dépasser la difficulté et la lenteur de la graphie manuelle, on codera en pointant les graphèmes nécessaires, c’est-à-dire en désignant dans l’ordre chronologique les graphèmes à utiliser pour constituer le mot. L’élève ne graphie pas manuellement mais il code en pointant. Cela permet de pointer dix mots pendant que dans le même temps on ne pourrait en calligraphier qu’un.

Et surtout cela permet de rester en permanence en contact avec le sens puisque c’est toujours un mot connu qui est codé. L’élève doit alors préparer mentalement et visuellement le codage, savoir exactement où le pointeur va se poser avant de commencer le pointage. Cette préparation mentale du pointage met en œuvre le codage mental dont il faudra se souvenir pour décoder.

la rapidité des gestes pointant un mot témoigne du bon codage mental du mot, elle sera donc travaillée en tant que tel : l’élève n’hésitera pas à recommencer le pointage jusqu’à ce que celui-ci s’effectue presque aussi vite que la parole. Il accompagnera le pointage de la diction du mot.

L’écriture manuelle

L’acte graphique d’écriture codant un mot oral comporte toutes les dimensions de la communication. Le sens est au départ, on connaît le sens du mot qu’on va écrire, les phonèmes le supportant sont reconnus à l’audition et remplacés par des graphèmes orthographiques porteurs de sens. Le geste manuel créateur d’écrit va associer au sens, aux phonèmes entendus, aux graphèmes vus, une mémoire gestuelle particulière à chaque mot, ajoutant une nouvelle possibilité de reconnaissance des mots écrits. De nombreuses études neurocognitives rendent compte de l’impact mémoriel du geste soutenant le codagel’écriture manuelle, donc le décodage, la lecture, par réciprocité. Ce phénomène est attesté en Chine, où le simple fait de reproduire au creux de sa main le geste permettant habituellement d’écrire l’idéogramme concerné permet à tout chinois, quel que soit son dialecte, de lire, de comprendre le sens représenté.

D’autres études confirment l’appui mémoriel que constitue la graphie manuelle des mots. En particulier celles qui montrent qu’il suffit de regarder quelqu’un écrire pour que notre cerveau écrive en même temps, accompagnant les gestes du scripteur.

A ce niveau on peut conseiller deux pratiques peu courantes :
écrire dans l’espace des lettres puis des mots que les élèves devront décoder.
Mais surtout pratiquer l’écriture aveugle : un mot est écrit manuellement après pointage magistral puis les élèves placent un cache devant les yeux pour l’écrire une seconde fois à l’aveugle. L’observation des résultats montre que lorsque codage et décodage sont en phase les deux écritures sont identiques. Ceci pourrait faire l’objet d’une belle recherche.

On se référera au livre du maître téléchargeable.


Les tableaux de mots

Le matériel se compose de 8 tableaux accompagnant la progression de l’étude des phonèmes. Chaque tableau introduit 4 phonèmes.

Certains mots, peu nombreux, pour des mesures de répartition, ne se trouvent pas à la place attendue. Par exemple ALORS qui devrait figurer dans le tableau 1 n’apparaît qu’au tableau 8.

Ces quelques mots sont privilégiés dans la mesure où ils sont vite repérés par les apprenants.

Le choix des mots répond à des critères précis :
    ‑ Un vocabulaire à la portée de l’enfant
    ‑ Une présence équilibrée des phonèmes, tant en nombre             qu’en positon (initiale, médiane, finale).
    ‑ La possibilité de réaliser, par la combinatoire, une multitude          de phrases.
    ‑ la présence de suites telle que : a, ma, mare, mari
    ‑ la présence de « renversements » comme :
        nappe et panne, mare et rame, lame et mal

‑ la distribution des mots est aléatoire dans chaque tableau, bien que certains rapprochements puissent être exploités.

Ici aussi, comme dans l’écritoire, la place fixe des mots sert la combinatoire conduisant à l’écriture de la phrase et à l’installation de la reconnaissance. Comme l’enfant a vite repéré où se situait chaque son sur l’écritoire, il va connaître très rapidement la place des mots dans le tableau et pointer avec de plus en plus d’habileté.